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2023-06 Epopée anglaise vers Mylor (GB)

Récit de: Eric d'Epinay

La flottille de MYLOR est bien rentrée au port ! Cette épopée, aura été un point fort cette année 2023 car elle aura permis d’une part de mettre en lice 6 bateaux de l’ANPLF (Per Youen, Foxy F’ewe, Inis Gwenva, Barr Avel, Stergann et Stered Mor II) et leurs 18 participants embarqués, auxquels s’ajouteront aux Scilly 4 équipiers. D’autre part, elle aura apporté un enrichissement nautique aussi bien technique que tactique, mais aussi humain.

C’est donc 20 à 21 jours passés ensemble, engagés dans une même « galère » avec un même objectif, celui de répondre à l’invitation du Club Nautique de Mylor en Cornouaille anglaise, et pour une partie non négligeable d’entre nous une première traversée de la Manche (et de son fameux rail) avec une navigation de nuit.

Le départ en direction de Sainte Evette a lieu le 2 juin depuis Port-La-Forêt ou bien des Glénan pour ceux qui y ont passé la nuit. Les conditions sont bonnes et la prise en main se fait avec un vent établi entre 14 et 15 nœuds et quelques rafales limitées à 20 nœuds. Premier mouillage sur bouée (il y a largement ce qu’il faut), premiers apéros conviviaux.

Il va falloir y passer : le Raz de Sein nous attend avant d’atteindre Ouessant qui sera notre base avancée avant le franchissement du « Channel ». Conseils donnés, calculs des marées / courants effectués, c’est le départ. Petit vent du NE, mise en place de la trinquette, prise du 1er ris, nous franchissons le Raz de Sein, toujours aussi beau, toujours aussi inquiétant au vu de l’état de la mer.  Et puis le vent fraichit entrainant la prise du 2ème ris et la réduction des focs.  Les flots aux abords du phare de la Jument à Ouessant sont toujours bouillonnants et l’impression de se trouver dans une grosse gamelle d’eau bouillante est un peu anxiogène. Mais tout va bien, l’entrée de la baie de Lampaul se fait à la voile ou au moteur.

C’est là où les choses se sont un peu compliquées pour certains avec des prises de bouée un peu rock’n roll en raison du vent qui n’a pas molli. 

Pour ne pas choquer un jeune public qui pourrait lire ces lignes, nous passerons sous silence cette arrivée !! A noter que Inis Gwenva poursuit directement sur Falmouth par gros vent, afin de régler des problèmes administratifs pour l’équipier, et avant de rejoindre les Scilly où il attendra le reste de la flottille. 

Nous y voilà donc à Ouessant. Et nous allons avoir le temps d’apprécier cette escale car 5 jours durant, le vent ne mollit pas 26-28 nœuds. Tous les jours, les yeux sont rivés sur « Météo Consult », « Windy »… en espérant trouver LA fenêtre qui nous permettra de poursuivre vers les Scilly. Avec une certaine inquiétude, nous voyons les jours défiler sans amélioration météo et se réduire la période « Scilly ». Le vendredi 9 juin, c’est enfin le top départ.

En attendant, nous avons pu découvrir ou redécouvrir cette île magnifique qu’est Ouessant, par plusieurs randonnées à pied ou à vélo (électrique !), avec pique-nique (la boulangerie de Lampaul a été la bienvenue !). D’Est en Ouest, du Nord au Sud, l’île n’a plus de secret pour nous… ! A souligner que pour se rendre à terre, c’est quand même un peu humide à cause des vaguelettes à franchir en annexe et l’arrivée sur la cale de la SNSM parfois un peu hasardeuse. Ne pas oublier de bien contourner « la verte » si on ne veut pas y laisser son annexe sur les rochers affleurants. Mais qu’importe, la majorité des ballades se fait à 18 ! Ambiance toujours sympa. Visite du musée du Phare du Créac’h, baignade pour certains et certaines (ils sont fous !!) à partir de petites plages au sable fin et protégées du vent. Petit resto au « Roc Armor », apéritifs du soir basculant d’un bateau à l’autre. Per Youen, plus vaste que les autres, fait souvent les frais de ces envahissements… ! Un grand merci à ses hôtes.

Sur place, nous découvrons que le camping municipal de Lampaul met à disposition ses douches : le bonheur pour ces dames, et en fait pas boudé par ces messieurs ! Une participation financière est néanmoins demandée, lorsque la personne est présente. Ça compense l’absence de frais de mouillage !

Malheureusement Joël et Claude seront obligés de nous abandonner pour raison de santé et de rentrer via la navette pour rejoindre le continent.  Nous les regrettons amèrement. Stergann se retrouvant seul avec son skipper, un changement d’équipier s’opère naturellement, permettant à la folle aventure de se poursuivre. C’est ça aussi l’esprit ANPLF.

Vendredi 9 donc, départ. Les annexes sont rentrées, les hors bords bien amarrés, les trinquettes affalées, tout le monde est dans les starting-blocks.

13h50, c’est le départ. Peu après, Le sémaphore du Stiff nous contacte par téléphone car il ne parvient pas à nous joindre sur le 16 : nous avons oublié de nous brancher sur cette fréquence… : pas bien ! Petite remontée de bretelles bien méritée pour les fautifs : c’est un retex à garder en mémoire.

Départ GV 1 ris + Foc. Le vent tombe et ne reviendra pas de sitôt. Beaucoup naviguent à l’anglaise (GV + moteur). Un peu déçu après avoir eu autant de vent une semaine durant.

Franchissement du rail avec finalement assez peu de cargos montants et beaucoup plus sur la voie descendante. Contournements obligés pour passer sur leurs arrières. Nuit pas forcement réparatrice pour certains néophytes. Mais pas de collision à déplorer, heureusement. A noter la navigation de conserve des 2 sisterships Dufour 325, quasi en bord à bord : sympa et rassurant.

Arrivée échelonnée dans la matinée à Sainte Mary aux Scilly. On l’a fait !, on y est !! Heureux !!! Mouillage aux bouées pour la flottille. Nouvelle méthode (toujours pour les néophytes) pour s’amarrer : une petite bouée accrochée à la grosse est à relever pour atteindre une chaine sur laquelle il faut passer les aussières. Finalement, très pratique.

Annexe gonflée, pavillon britannique et pavillon « Q » hissés et retrouvailles avec Inis  Gwenva ; mais personne des douanes ne vient nous demander quoi que ce soit. Après une bonne sieste, nous partons à la découverte des terres anglo-saxonnes et un passage impératif au fameux Pub « Mermaid » où la Guinness est excellente, au même titre que ses « fish and ships » qui font le bonheur de la quasi-totalité d’entre nous. Soirée commune avec les 4 « ANPLéFistes » arrivés dans l’après-midi par la navette de Penzance. Eux aussi ont largement contribué à la réussite de cette épopée avec des volontaires pour conduire du « mauvais » côté (!), une bonne humeur supplémentaire, et l’arrivée du pool organisation en la présence du vice-président. Une répartition de ces nouveaux venus dans les bateaux est tout de suite organisée.

Plusieurs activités ont rythmé ces journées dans cet archipel : balades à Ste Agnes via un petit ferry ; à Ste Mary passage au « Juliet’s Garden », estaminet qui a une magnifique vue sur le port (à ne pas manquer). Pique-niques divers.

Lundi 12, nous quittons Ste Mary pour rejoindre une zone de mouillage entre Bryher et Tresco. Yves, pécheur émérite et en tête de flottille, nous suggère une séance pêche en rase cailloux sur l’ouest de Bryher, et là, pêche miraculeuse en plus de l’observation de colonies de phoques se prélassant sur les rochers. Chaque embarcation se retrouve donc avec plusieurs lieux jaunes magnifiques dont le record en taille est obtenu par notre guide (67 cm !!). Ensuite, chacun se charge de les préparer à sa manière. 

En arrivant sur l’aire de mouillage, nous butons sur le rocher du Hangman sur lequel subsiste une potence avec sa corde, mais personne de suspendu… Welcome on board !!

L’anse est splendide, mais plus de bouée disponible ; aussi l’ancre est sollicitée.

Promenade sur ces 2 îles magnifiques, sauvages et pourtant fleuries. Il faut dire que le beau temps est omni présent depuis Ouessant. Nous n’avons pas pu passer à côté de la visite du jardin exotique de Tresco, ce qui a fait la joie des amateurs et amatrices de fleurs. Toutes ces plantes sont enchanteresses. Les apéros du soir se poursuivent chez les uns ou les autres, toujours dans une ambiance chaleureuse.

Ce cadre idyllique doit prendre fin car l’objectif reste bien Mylor ; départ matinal le 14 juin des IOS (Isles of Scilly) que nous quittons avec regret.

Cap sur Newlyn à proximité de Penzance. Mais Éole fait à nouveau défaut et une bonne partie de la route se fait au moteur : 8 heures de navigation, et nous arrivons enfin à destination. Nous nous retrouvons les 6 bateaux au ponton, au milieu des pêcheurs. (Anecdote : effet certainement du hasard, le code douche est 1815[1]…). Le lendemain, départ pour Falmouth / Mylor avec le passage du fameux Cap Lizard par petit vent, tranquille !! A Mylor, 2 places au ponton sont réservées par le club ; les autres sont obligés de prendre des bouées très éloignées.
  [1] Triste bataille de Napoléon : bataille de Waterloo le 18 juin 1815

 

Là, votre serviteur va faire un saut dans le temps, la période au cours de laquelle nous avons été reçus royalement par le Mylor Yacht Club ayant déjà fait l’objet d’un récit détaillé. A lire dans la page "Jumelage" .

Le dimanche 18 juin vers 15h00, il est temps de quitter notre club anglais de jumelage et rejoindre notre mère patrie et plus précisément le petit port de l’Aber Wrac’h pour la majorité, Inis Gwenva ayant dû rentrer d’un coup d’un seul à PLF. Cette fois, pas de passage de rail car nous sommes plus à l’Est. Le vent n’est toujours pas avec nous et nous nous retrouvons bout au vent et au mieux au très près. Quelques frayeurs avec les pêcheurs sans AIS et qui apparaissent soudainement sur l’écran, les colonnes de cargos au milieu desquelles il faut slalomer, et les 2 sisterships se retrouvent à nouveau bord à bord une bonne partie de la nuit. 103 miles de parcourus pour cette traversée. Nous atteignons l’Aber Wrac’h vers 16h00. Une bonne nuit et à nouveau départ pour Camaret pour 4 d’entre nous aux aurores, sans un souffle d’air au soleil levant. Nous franchissons le Chenal du Four sans problème particulier pour une arrivée en début d’après-midi, au port Vauban avec places au ponton. Per Youen nous rejoint le lendemain, ayant souhaité profiter des excellentes huitres locales à l’Aber Wrac’h, croisant ainsi Stergann qui repart déjà sur PLF.

Le 22 juin les 4 bateaux restant quittent Camaret pour le dernier rush ! Objectif Port-La-Forêt. Franchissement du Raz de Sein avec les courants favorables qui nous permettent des vitesses sur le fond, rarement égalées pour certains…

Arrivés vers 18h30, un comité d’accueil attend au ponton le bateau de tête qui pour une fois est Stered Mor II… Ça, c’est l’esprit ANPLF… Merci aussi pour cette attention Ô combien appréciée.

Ainsi s’achève ce périple de 21 jours, qui pour plusieurs d’entre nous aura été une grande première !

A noter l’esprit marin des gros attendant les plus petits, l’entraide entre les bateaux, toujours dans une saine camaraderie. C’est ce qui fait l’union et la force d’un groupe, d’une flottille.

Comme disait Aristote, « Il y a 3 sortes d’hommes : les morts, les vivants et ceux qui vont sur la mer ».

Quelques trucs à savoir pour l’arrivée aux IOS :  

  • A Hugh Town (Ste Mary), présence d’une banque avec un retrait automatique à partir duquel il est possible de retirer du liquide,
  • Ne pas prendre de vieux billets, car ils ne sont plus acceptés en Grande Bretagne, même dans les banques ou les administrations locales,
  • A Hugh Town, existence d’une petite supérette où on trouve un peu tout. La vie est très chère.